Les jeunes joueurs du CF Montréal U-23 affichent une belle progression en PLSQ

 

Par Marc Tougas | @La90eminute

Les joueurs du CF Montréal U-23 ont du talent, c’est indéniable. Maintenant, il ne leur reste plus qu’à apprendre à garder leur sang-froid pour pouvoir exprimer ce talent avec sérénité. Et c’est ce qu’évoluer en Première ligue de soccer du Québec (PLSQ) leur apprend à faire en ce moment.

Parfois, c’est à la dure qu’ils doivent l’apprendre. Comme samedi dernier, quand ils se sont inclinés 2-0 sur le terrain de l’AS Blainville, une des équipes les plus aguerries de la PLSQ.

Le CFM a eu le ballon plusieurs fois et il était clair qu’il y avait une façon de faire qui avait été inculquée chez les joueurs pour relancer l’attaque. Bien souvent, même si les joueurs de l’entraîneur-chef Nicolas Gagnon prenaient bien soin de changer le ballon de côté pour élargir le jeu, cette relance passait par le capitaine Loïc Cloutier, qui évoluait au poste de défenseur latéral gauche au sein d’une ligne arrière de base à trois joueurs. Ses coéquipiers au milieu du terrain s’offraient en option, comme il se doit. Et, bien souvent, le ballon se rendait comme prévu dans la moitié du terrain blainvilloise.

C’est après que l’entonnoir se refermait, sans que les joueurs du CFM parviennent à trouver la solution. On a alors senti les jeunes joueurs – pratiquement tous âgés de 18 ans et moins – se crisper, cherchant le bon jeu à faire. Peut-être un peu trop. Sans aboutir, du moins pas avant la deuxième mi-temps, quand les jeunes espoirs du CFM ont commencé à avoir un peu plus de mordant dans le tiers offensif blainvillois.

Certains ont tellement cherché la solution avec ardeur qu’ils ont écopé de cartons jaunes et ç’a donné deux expulsions. Mais surtout, ils ont laissé de côté la patience qu’affichent souvent les joueurs d’expérience, celle de continuer à poser les bons gestes avec calme, rapidité et vivacité mais sans précipitation, confiants que ça va finir par porter ses fruits.

Le mental au service du reste

Bref, le mandat de Gagnon et de ses adjoints, qui doivent veiller au développement des jeunes espoirs de l’équipe première du CFM de la MLS, se situe tout autant au niveau mental que tactique.

« Beaucoup de ces joueurs-là ont arrêté (toute compétition) pendant deux ans (en raison de la pandémie), il ne faut pas l’oublier, a souligné Gagnon après la défaite contre Blainville. Et ce, à un âge crucial. L’été dernier, ça n’a été que des matchs amicaux. C’est la première fois en trois ans qu’ils prennent part à un championnat, qu’il y a de l’adversité. On doit développer cette maîtrise émotionnelle pour être capable de maîtriser le jeu. C’est ce qui est en train de se passer, mais c’est un processus qui prend du temps. »

C’est effectivement ce qui est en train de se passer, et bien se passer puisque le CFM affiche quand même un dossier de neuf victoires, deux nuls et six défaites, l’équipe ayant notamment connu une séquence de quatre victoires, dont trois par blanchissage. L’équipe a 29 points au classement, bon pour une égalité en cinquième place. Mais il reste une coche à aller chercher puisque les joueurs de Gagnon se sont inclinés 5-2 contre le CS Saint-Laurent, puis à Blainville la semaine suivante, à l’occasion de deux duels contre des équipes qui talonnent le FC Laval au sommet du classement.

« C’est le niveau qu’on doit afficher, celui des équipes de haut de tableau (en PLSQ), a noté Cloutier. C’est surtout la vitesse (d’exécution) qui varie d’une équipe à l’autre dans la ligue et affronter des équipes comme Blainville, Saint-Laurent et le FC Laval, ça nous aide à gagner en maturité. Contre des équipes comme celles-là, il y a plus de stress, il faut que tu sois plus concentré, c’est sûr. »

Devenir meilleur en se frottant aux meilleurs

Tout ça fait partie de l’apprentissage que les dirigeants du CFM cherchent à inculquer à leurs jeunes joueurs, à raison de cinq entraînements de deux heures par semaine, en plus du match hebdomadaire. Sur le plan collectif, mais individuel aussi. Comme avec Cloutier, par exemple.

« Dans mon cas, ils mettent l’accent sur l’importance d’être patient avec le ballon, d’être capable d’attirer un adversaire pour ensuite faire une passe à un coéquipier qui s’est libéré », a notamment expliqué le capitaine du CFM U-23.

« On regarde la progression individuelle des joueurs, a indiqué Gagnon en parlant du travail que le personnel d’entraîneurs fait depuis le début de la présente saison de la PLSQ. On voit déjà pas mal de progression sur beaucoup d’aspects, tant au niveau individuel que collectif.

« Il y a notamment des statistiques qu’on compile avec notre analyste vidéo, qui permettent de mesurer ce que les joueurs font avec le ballon, sans le ballon, le nombre de fois qu’ils arrivent à trouver quelqu’un qui est prêt à recevoir une passe et est capable de faire face à la ligne défensive, par exemple. Le nombre de fois qu’ils sont en mesure de recevoir le ballon, puis de tourner pour faire face à la ligne défensive… On mesure leurs déplacements sans ballon aussi.

« (Contre Blainville), ça n’aboutissait pas parce qu’il manquait de courses en profondeur, il manquait de joueurs en mesure de trouver les joueurs qui étaient en déplacement. Il aurait fallu que l’exécution soit plus rapide dans les moments où les joueurs étaient sous pression.

« Il faut dire que face à une équipe comme Blainville, le défi tactique est important, a ajouté Gagnon. Déjà, avec un entraîneur comme Emmanuel Macagno de l’autre côté, c’est un très bon coach qui sait très bien organiser ses équipes tactiquement. En plus, leurs joueurs, ce sont des adultes, tandis que nous, nous avons des joueurs qui ont 18 ans tout au plus. »

Mais c’est là un défi auquel la direction du CFM a volontairement choisi de proposer à ses joueurs, dans le but de favoriser leur développement. Un développement qui se mesure à court et moyen terme, mais surtout à long terme.

« Un succès, pour nous, c’est un joueur qui fait une carrière professionnelle, a noté Gagnon. Et ça, ça prend du temps, de la patience. Regardez Mathieu Choinière, on parle ici d’un cheminement de 10 ans et c’est maintenant qu’il commence à éclore. L’équipe U-23, je considère ça comme l’avant-dernière étape, la dernière étape étant l’apprentissage qu’un joueur fait à ses débuts dans les rangs professionnels. Par exemple, nous avons présentement plusieurs joueurs en Première ligue canadienne et il reste maintenant à voir s’ils pourront aller plus haut, que ce soit en MLS ou ailleurs. »

 

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de Soccer Québec.