TÊTE À TÊTE… AVEC MITCHELL SYLA, LE PETIT NOUVEAU

 

Par Marc Tougas | @TougasMarc

 

Il y a un petit nouveau en tête du classement des buteurs de la Première ligue de soccer du Québec (PLSQ) : Mitchell Syla. L’attaquant du FC Lanaudière, qui aura 23 ans le 1er août, a présentement sept filets, ce qui lui donne l’égalité au premier rang avec les vétérans Frederico Moojen (CSMRO) et Dex Kaniki (CS Longueuil), ainsi qu’une avance d’un but sur Pierre-Rudolph Mayard de l’AS Blainville.

 

Avec son coéquipier Berlin Jean-Gilles, qui a cinq buts, Syla permet au FC Lanaudière d’avoir assez de punch à l’attaque pour se retrouver dans le peloton de quatre équipes qui tente de rattraper l’ASB au premier rang du championnat. Haïtien de naissance qui s’est retrouvé au Québec à l’âge de sept ans, il a d’abord joué au basket-ball pour ensuite s’adonner au foot vers l’âge de 10 ans.

 

Son parcours dans les rangs juvéniles, il l’a fait avec le CS Rivière-des-Prairies et même s’il n’a jamais évolué dans les Équipes du Québec ni au Centre national de haute performance, il a pu se développer suffisamment pour se retrouver dans la PLSQ, d’abord avec le FC L’Assomption, puis le FCL. À partir de là, son évolution lui a permis de devenir un des joueurs de premier plan dans le circuit professionnel de division 3, comme en font foi ses nominations parmi les Joueurs de la semaine RDS.

 

L’EUROPE GRÂCE AU CSRDP

Q : Mitchell, parle-nous de ton cheminement au CS Rivière-des-Prairies dans les rangs juvéniles.

MS : J’y ai joué pour des entraîneurs qui m’ont poussé à aller plus loin. Ils ont notamment fait de moi un joueur plus polyvalent. À mes débuts, j’étais attaquant de pointe mais quand je suis passé au soccer à onze, j’ai joué comme défenseur central. Puis, mon entraîneur suivant a vu que j’aimais monter avec le ballon, alors il a décidé de me mettre latéral gauche, ce qui me permettait de courir le long de la ligne et de déborder. Ensuite, on m’a mis ailier droit pour que je puisse couper vers le filet et utiliser mon pied gauche. C’est seulement l’an dernier, en fin de saison, qu’Andrew (Olivieri, l’entraîneur du FCL) m’a ramené comme attaquant de pointe.

 

Q : Ton passage au CSRDP t’a aussi permis de passer un peu de temps en Europe ?

MS : Mon entraîneur à l’époque avait des contacts en France et il a bâti une sélection d’une vingtaine de joueurs pour aller y disputer des matchs pendant deux semaines. Ç’a vraiment été une belle expérience parce qu’on a pu voir comment fonctionnent les centres de formation là-bas. On a affronté une équipe belge, une équipe du Luxembourg aussi. La façon dont ils jouaient ensemble et se déplaçaient sur le terrain, on voyait tout de suite que c’était différent du foot d’ici. Ils jouaient en bloc solide. C’était vraiment impressionnant à voir.

 

Q : Comment as-tu fini par jouer dans Lanaudière ?

MS : J’avais déménagé à Terrebonne. Un ami m’a fait remarquer qu’il y avait une équipe de la PLSQ à L’Assomption. J’ai communiqué avec (l’entraîneur Marco Torrens) pour faire un essai avec mon frère et un ami. J’ai fait mes débuts avec l’équipe réserve. Quand Eduardo Sebrango est arrivé à la barre de l’équipe, j’ai commencé à jouer comme latéral. Puis, l’année passée, j’ai disputé la Coupe PLSQ contre Outremont comme attaquant alors qu’un autre attaquant s’était blessé. J’avais marqué deux buts et réussi une passe décisive. (Andrew Olivieri) a vu qu’avec ma vitesse et mon tir, il y avait quelque chose à faire et il m’a transformé en attaquant. J’ai fini l’année avec neuf buts.

 

APPRIVOISER LA VARIÉTÉ

Q : De quelle façon Andrew Olivieri, un entraîneur qui a un vécu étoffé au niveau international avec les équipes canadiennes, t’a-t-il aidé dans ton cheminement avec le FCL ?

MS : Avant, je n’étais pas capable de jouer dos à la défense. Comme latéral et ailier, j’avais été habitué à voir le jeu devant moi. Quand je recevais le ballon en tant qu’attaquant, j’aimais tourner et accélérer. Andrew m’a dit de varier mon jeu, comme par exemple en prenant le ballon et en faisant une passe en une touche pour ensuite utiliser ma vitesse, au lieu de toujours chercher à tout faire tout seul. Andrew m’a aussi appris comment varier mes courses. Avant, j’allais juste en ligne droite. Au début, je trouvais ça difficile, mais au final j’y suis parvenu et je suis vraiment content.

 

Q : Comment expliques-tu ta présence en tête du classement des buteurs en ce moment ?

MS : Je ne m’y attendais pas. Mais maintenant, je veux dépasser mon total de l’an dernier (neuf buts). Et pourquoi pas viser plus loin encore, pourquoi ne pas aller chercher le Ballon d’or. Je veux continuer à donner les mêmes performances, à donner encore un peu plus d’effort. Et si moi, je ne marque pas mais mes coéquipiers marquent, je serai tout aussi content.

 

Q : Justement, il y a Berlin Jean-Gilles qui a cinq buts de son côté. Parle-nous de la complicité qu’il y a entre vous deux.

MS : On se complète vraiment bien. On est tous deux capables d’exploiter notre vitesse. On se taquine entre nous pour prédire qui va marquer le plus de buts, mais une fois dans le match, c’est autre chose. Si on peut faire la passe au coéquipier pour que l’équipe gagne, c’est à ça qu’on va penser en premier. L’an dernier, je voyais Berlin comme un rival parce qu’on jouait à un seul attaquant et c’était une compétition pour obtenir le poste mais cette année, on joue à deux attaquants et avec les atouts qu’on a, c’est à l’avantage de l’équipe je pense.

 

Q : Tes ambitions personnelles en vue des prochaines années ?

MS : Je veux continuer à travailler et à repousser mes limites afin d’aller le plus loin possible dans le soccer. Si j’ai l’occasion de faire des essais en Europe, pourquoi pas… Il y a aussi la Première ligue canadienne qui va bientôt démarrer et je serais prêt à tenter ma chance avec une équipe d’une autre province. Je pense que ce serait là une belle façon de se faire voir.

 

UN BON TREMPLIN

Q : Trouves-tu que la PLSQ est un bon tremplin pour un jeune joueur comme toi qui veut accéder à des niveaux supérieurs dans les rangs professionnels ?

MS : Quand je suis passé de la Ligue élite à la PLSQ, j’ai tout de suite vu la différence. Quand tu joues contre des joueurs de tous les âges, qui ont de l’expérience et qui ont joué à un niveau élevé ailleurs, c’est exigeant physiquement. Ça m’a aidé à devenir un meilleur joueur. Ça m’a incité à prendre le soccer plus au sérieux. Je me donne deux fois plus. Tu ne peux pas te contenter de rester au même niveau parce que le niveau de la ligue augmente à chaque année.

 

Q : Tu t’es récemment rendu en Ontario avec l’équipe d’étoiles de la PLSQ pour y affronter les étoiles de la League 1. Comment as-tu trouvé ça ?

MS : J’ai vraiment aimé ça. Je me suis retrouvé avec des joueurs (de la PLSQ) que je ne connaissais pas vraiment parce que ce sont normalement des adversaires. On est arrivé là-bas et tout le monde a commencé à jaser avec tout le monde. C’est quelque chose que j’aimerais refaire.

 

Entrevue et propos recueillis par Marc Tougas

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ.