TÊTE À TÊTE… AVEC MAXIME LECONTE, PROTAGONISTE ET TÉMOIN DE L’ASCENSION DE L’ASB

 

Par Marc Tougas | @TougasMarc

 

Paris, Nantes, Mexico… Blainville : le parcours de Maxime Leconte mérite d’être raconté. Tout comme celui de son club actuel, l’AS Blainville, qui domine présentement le championnat de la Première ligue de soccer du Québec après trois années de vaches maigres… suivies d’une ascension de deux ans plus que prometteuse.

 

Leconte, un défenseur et milieu de terrain qui a connu les débuts de l’ASB dans le réseau senior AA, puis dans la PLSQ en 2012 –, nous a raconté la transformation de son équipe au fil des ans. Une transformation qui a permis au club de remporter le premier trophée de son histoire en D3 pro, soit la Coupe PLSQ l’an dernier, et aussi de se mettre en excellente position pour en décrocher d’autres cette année, soit celui de la Coupe à nouveau, mais aussi celui du championnat cette fois – ce qui lui permettrait de devenir la toute première équipe dans l’histoire de la PLSQ à se retrouver au Championnat canadien, compétition à laquelle participent les trois formations canadiennes de la MLS.

 

Un vent de renouveau

Q : Comment l’ASB, qui était en bas de tableau à ses premières saisons, est devenu une des formations les plus solides dans la PLSQ ?

ML : C’est sûr que l’arrivée d’Emmanuel Macagno (au poste d »entraîneur-chef en vue de la saison 2015) a amené un vent de fraîcheur. Il a surtout redonné vie au groupe, il lui a donné envie de jouer ensemble. Il y a également eu un peu de renouveau dans l’ensemble du club, ce qui a fait du bien. En même temps, on a eu la chance de garder des joueurs qui étaient là depuis longtemps, comme Nicolas Bertrand, Jean-Lou Gosselin, Thibault Moulinas… Ils connaissaient le vécu du club, par où on était passé dans les années précédentes. Même (Macagno), qui travaillait déjà dans le club, connaissait notre histoire. Nous partions donc déjà sur des bases où on avait des entraîneurs et des joueurs qui aimaient le club, qui aimaient la ville ; ça aide donc quand vient le temps de construire.

 

Q : Comment s’est fait le passage, mentalement surtout, du statut de négligé qui cherche à surprendre à celui de club dominant dans la PLSQ ?

ML : On sait d’où on vient. D’ailleurs (Macagno) est toujours en train de nous rappeler qu’il ne faut pas oublier où on était il y a trois ans encore. Le message qu’on reçoit chaque semaine, c’est d’y aller un match à la fois, de prendre du plaisir, de se regrouper, de s’amuser, de sourire ensemble. Tout le monde va dans la même direction et c’est une de nos forces.

 

Q : La victoire de l’ASB en finale de la Coupe PLSQ, l’an dernier, a-t-elle eu un effet de déclic en vue du championnat de la présente saison ?

ML : Oui, en ce sens qu’on s’est dit qu’on est capable de gagner des choses. Mais ç’a surtout été un soulagement pour les anciens comme moi, qui attendaient depuis tant d’années de gagner quelque chose. Ça ouvre les portes, on se dit que finalement, avec plus de travail, on est capable de faire des choses.

 

Dépaysement à la sauce mexicaine

Q : Parle-nous de ton parcours de footballeur. Tu es né en France, tu y as joué à un haut niveau ?

ML : Je suis arrivé ici (au Québec) à l’âge de 15 ans, en raison de l’emploi de mon père avec une compagnie qui vend du matériel électrique. En France, j’ai évolué avec le club-école du FC Nantes. Ici, j’ai joué avec l’équipe des Laurentides au début. Mais au travers tout ça, j’ai eu l’opportunité d’aller jouer au Mexique pour Cruz Azul pendant un an et demi, quand j’avais 17 et 18 ans. Je jouais avec les moins de 21 ans.

 

Q : Le Mexique, c’est assez inusité comme destination pour un joueur francophone ?

ML : En fait, c’est parti de pas grand-chose. C’était un monsieur qui organisait un voyage de soccer, un entraîneur d’ici d’origine mexicaine, on avait été plusieurs joueurs des Laurentides à être sélectionnés pour aller voir des matchs et jouer contre des équipes. C’était pour le plaisir. À la suite de ce voyage, Cruz Azul, contre qui on avait joué, m’a fait venir pendant deux mois pour un essai et j’ai été invité au centre de formation à Mexico. Ç’a été une belle expérience, autant sur le plan humain que footballistique. C’est très différent de la France ou du Canada, non seulement en raison de la langue, mais aussi dans la façon dont les choses fonctionnent.

 

Q : À quoi ressemblent les matchs de championnat là-bas ?

ML : Ce sont des matchs avec beaucoup, beaucoup d’enjeu. On sent que ce sont vraiment des joueurs avec beaucoup d’envie, avec beaucoup de passion pour leur pays et leur famille. Ils sont très croyants aussi. Ils savent pourquoi ils jouent. Le niveau est très bon techniquement, physiquement aussi c’est très intéressant. C’est un jeu très rapide.

 

Q : Et comment se passe la vie en dehors du foot là-bas ?

ML : Je vivais dans un appartement que le club avait à Mexico. J’allais à l’école en même temps. C’est un autre monde, Mexico. Il y a des gens qui se battent pour leur survie. On est bien ici au Canada quand on se compare… Je connaissais déjà les grandes villes puisque je suis né à Paris, mais ce n’est pas comparable. Il y a beaucoup de pauvreté. Ça m’est arrivé de voir, en allant à l’école, des petites filles de quatre ou cinq ans vendre des journaux en plein milieu de la rue pour ramener de l’argent à la maison.

 

Q : Comment s’est terminée ton aventure au Mexique ?

ML : Au Mexique, ils protègent beaucoup les Mexicains par rapport aux étrangers. Ç’a commencé à devenir un peu compliqué. Au départ, je m’étais fait recruter par un monsieur qui était un ancien joueur professionnel. Mais après, la direction du centre de formation ne pense pas forcément aux besoins (spécifiques) d’une personne pour qu’elle réussisse à devenir un joueur professionnel. J’ai constaté que je ne contrôlais plus grand-chose et, à mon grand malheur, j’ai dû prendre la décision de rentrer. Je ne voulais pas, mais c’était devenu trop compliqué. Surtout que j’allais dans une école française, c’était le compromis que j’avais fait avec mes parents pour pouvoir aller jouer là-bas, mais ça m’obligeait à passer beaucoup de temps en transport en commun, soit trois heures par jour.

 

Q : Comment as-tu abouti avec l’équipe canadienne de beach soccer qui a disputé le tournoi de qualification de la CONCACAF en février dernier aux Bahamas ?

ML : Je joue au futsal depuis trois ou quatre ans. J’ai participé à des camps de l’équipe canadienne de futsal en vue des qualifications pour la Coupe du monde, j’avais été un des joueurs sélectionnés par Kyt Selaidopoulos. Quatre jours avant le départ de l’équipe de beach soccer, Kyt m’a appelé pour me dire qu’un joueur s’était blessé, qu’il me donnait ma chance de venir avec le groupe. Le beach soccer, c’est un autre sport, complètement différent du futsal et du football. C’est un mélange de foot et de handball, quasiment, parce que les gardiens utilisent tellement les mains. Ç’a été vraiment une belle expérience de goûter à ce sport qui commence à prendre de l’ampleur.

 

Entrevue et propos recueillis par Marc Tougas

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ.