TÊTE À TÊTE…AVEC LYES ARFA, L’ARBITRE CENTENAIRE

 

Par Marc Tougas | @TougasMarc

 

Arbitre au centre et arbitre-assistant depuis les débuts de la Première ligue de soccer du Québec (PLSQ) en 2012, Lyes Arfa a officié son 100e match dans la ligue le 2 juillet dernier, à l’occasion du duel disputé à Terrebonne entre le FC Lanaudière et le CS Longueuil. Âgé de 31 ans, il est arbitre national depuis le début de la décennie, ce qui l’a notamment amené à agir comme arbitre-assistant sur la touche pour deux matchs de la finale du Championnat canadien. Il a aussi participé à un stage en France avec des arbitres de 2e division. Entretien avec l’arbitre centenaire de la PLSQ.

 

SIGNE DE QUALITÉ

Q : Vos impressions après avoir atteint le cap des 100 matchs dans la PLSQ ?

LA : Je n’étais pas au courant jusqu’à ce que Mathieu Chamberland (directeur à l’arbitrage à la FSQ) me mentionne que je m’approchais de la centaine. Je ne suis pas du genre à faire un décompte mais si j’ai eu un aussi grand nombre de matchs, j’imagine que c’est signe que mon travail est d’une certaine qualité.

 

Q : La PLSQ en est à sa sixième saison, ce qui veut dire que vous avez eu 15 à 20 matchs par saison, donc près d’un par fin de semaine !

LA : Oui, et même deux par week-end parfois, s’il y a des blessures ou des remplacements de dernière minute. C’est agréable de participer à un championnat où il y a un enjeu semaine après semaine. Et en faisant autant de matchs, je sens que je fais partie intégrante de ce championnat-là. Tout comme les autres arbitres.

 

Q : Si vous aviez à faire le classement de vos meilleurs matchs, lequel viendrait en tête de liste ?

LA : Je dirais la finale de la Coupe PLSQ entre Lakeshore et Mont-Royal Outremont (en 2015). J’étais l’arbitre au centre.

 

Q : Ça n’avait pas été un match facile, alors qu’il y a eu une expulsion et des prolongations…

LA : Ce n’était pas un match facile physiquement, ni mentalement. Les gens ne le réalisent peut-être pas, mais après avoir fait 40 à 50 matchs dans une saison, officier un match de cette importance en fin d’année, ce n’est pas facile. Reste qu’à la fin, j’étais satisfait. Les décisions qui ont été prises, y compris le carton rouge, se sont avérées justes. C’est ça l’important pour l’arbitre, que le juste résultat du match ressorte. C’est sûr qu’il va y avoir des décisions difficiles à prendre, des décisions qui ne feront pas plaisir à tout le monde, mais l’important c’est de prendre la bonne décision.

 

Q : Des matchs à oublier ?

LA : Il y a eu des matchs où ç’a été plus compliqué, je ne suis pas à l’abri de ça. Par contre, j’ai appris que pour durer comme arbitre, il faut rapidement oublier ses erreurs et passer à autre chose, sinon on ne peut pas durer. Et c’est la même chose après les bons matchs. Ce que je garde en tête, ce sont les correctifs que je peux apporter, pour essayer de les transposer dans les autres matchs. La principale difficulté d’être un arbitre, c’est qu’il faut constamment se prouver, il faut convaincre les gens de nos décisions. On peut rapidement perdre tout le crédit qu’on s’est bâti auprès des joueurs, des entraîneurs, des spectateurs, si on ne travaille pas constamment pour la maintenir, cette crédibilité.

 

LA CLÉ : LA CONDITION PHYSIQUE

Q : Comment vous préparez-vous pour les matchs ?

LA : La clé, c’est la condition physique. Si un arbitre n’est pas en forme, il ne pourra pas performer, même s’il a la meilleure connaissance des lois du jeu, la meilleure anticipation, etc. Le soccer est rendu à un niveau où l’arbitre doit être un athlète, souvent il doit courir autant que les joueurs qui courent le plus sur le terrain, en terme de distance. Maintenant, dans la PLSQ, le jeu est souvent axé sur la contre-attaque, donc il faut être capable d’aller d’un côté à l’autre du terrain rapidement pour être bien placé.

 

Q : Comment décririez-vous votre approche avec les joueurs sur le terrain ?

LA : Je pense que j’ai une approche plus humaine, où on collabore avec les joueurs. Mais en même temps, il ne faut pas tomber non plus dans l’autre extrême en devenant trop ami avec les joueurs. Lorsqu’il faut donner un carton parce que les lois le dictent, il faut être capable de le faire. Il faut par ailleurs s’adapter à chacun des joueurs. Un bon arbitre est capable de s’adapter psychologiquement aux personnes qui sont en face de lui.

 

Q : Quelle place occupe la PLSQ dans votre carrière d’arbitre ?

LA : C’est un bon outil pour se maintenir prêt en vue du niveau national, pour maintenir ses réflexes et ses habiletés. Parce qu’au niveau national, le nombre de matchs est limité, alors il faut être prêt quand on est appelé à officier ces matchs-là. On n’a pas beaucoup de marge d’erreur.

 

DÉBUTS À LAVAL

Q : À quel moment avez-vous commencé à arbitrer ?

LA : J’ai commencé à l’âge de 16 ou 17 ans, à Laval Centre-Sud. Pour faire un peu d’argent de poche, mais surtout pour aider, parce que mon père était entraîneur avec le club et ils avaient besoin d’arbitres. Après, j’ai gravi les échelons assez rapidement.

 

Q : Avez-vous continué à jouer ?

LA : J’ai continué à jouer à un niveau inférieur pour le plaisir pendant un certain temps. Je pense que c’est important pour un arbitre de continuer à jouer jusqu’à un certain stade, parce que ça permet de mieux comprendre le joueur et d’anticiper ses réactions dans certaines situations.

 

Q : Pourquoi aimez-vous l’arbitrage ?

LA : Ce n’est pas routinier. Chaque match est différent et ce qui rend un match différent, c’est la variété de joueurs et les différents caractères. Et chaque arbitre avec qui je travaille, il y a cet aspect de nouveauté qui est là également et qui donne son charme au soccer. J’aime aussi l’équilibre qu’il y a entre l’aspect intellectuel et l’aspect physique. Les joueurs le vivent aussi, mais comme arbitre, il faut manier les lois du jeu et il faut y intégrer une certaine rigueur physique.

 

Q : Vos ambitions pour l’avenir ?

LA : J’aimerais progresser au niveau national. Ce n’est pas un chemin facile, ça dépend de plusieurs facteurs. Et dans la PLSQ, j’espère faire 100 autres matchs. Tant que j’ai du plaisir… Je n’ai jamais le sentiment qu’un match est un fardeau.

 

Entrevue et propos recueillis par Marc Tougas

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ