TÊTE À TÊTE… AVEC ANGELO SCARANO, DIRIGEANT D’HIER À AUJOURD’HUI

 

Par Marc Tougas | @TougasMarc

 

Dirigeant bénévole depuis 32 ans, Angelo Scarano a occupé différents postes à la tête du soccer à Saint-Léonard, puis au sein de l’Association régionale de soccer Bourassa pendant plus d’un quart de siècle. C’est à titre de président de l’ARS Bourassa qu’il a veillé à s’assurer que la région fasse son entrée dans la Première ligue de soccer du Québec (PLSQ) dès la création du circuit professionnel de division 3 en 2012, via le St-Léonard FC. Il a ensuite participé à l’aventure d’un an de l’ACP Montréal-Nord en PLSQ avant de se joindre au CS Longueuil. Il en est présentement à sa troisième saison avec le club de la Rive-Sud de Montréal, où il occupe le poste de gouverneur.

 

Scarano a donc vu la naissance de la PLSQ et son évolution de près. Il fait l’objet de notre premier entretien en vue de cette nouvelle chronique, Tête à tête, qui reviendra régulièrement sur PLSQ.ca.

 

UN DÉBOUCHÉ ESSENTIEL

Q : Pourquoi vous êtes-vous impliqué aussi activement au niveau de la PLSQ ?

AS : Avant la mise sur pied de la PLSQ, je trouvais que la compétition dans le AAA était devenue très fragile, le niveau de jeu n’était plus aussi élevé qu’avant, il y avait beaucoup de jeunes de 16-17 ans qui décrochaient. Je trouvais qu’il était important de faire quelque chose pour changer ça. D’abord, pour mon garçon (Peter), qui était un joueur compétitif et je ne voulais pas qu’il décroche à son tour. Je me suis impliqué dans le projet de la PLSQ dès le début parce que je voulais que les jeunes aient quelque chose qu’ils puissent viser. Ce sont des jeunes qui ne joueront peut-être pas nécessairement pour l’Impact ou une équipe de ce niveau-là, mais c’est important de leur permettre de jouer dans une ambiance compétitive, structurée et professionnelle, ici au Québec, et qu’ils puissent continuer à pratiquer leur sport favori et même gagner quelques sous au lieu de devoir se trouver un emploi dans un restaurant fast-food ou quelque chose comme ça.

 

Q : Que pensez-vous de l’évolution de la PLSQ depuis sa première saison en 2012 ?

AS : Il y a eu des hauts et des bas, des clubs qui sont entrés, des clubs qui ont quitté pour différentes raisons. Mais maintenant, je vois qu’il y a plus de clubs que jamais qui veulent se joindre à la PLSQ. Il y a de plus en plus de clubs qui réalisent à quel point adhérer à la ligue est vraiment une bonne chose, parce que ça incite les jeunes de leur club à continuer à y jouer. Il y a aussi le fait que le calibre de jeu est plus équilibré que jamais, il y a maintenant quatre à cinq équipes qui peuvent aspirer au championnat.

 

Q : D’après vous, aurait-il mieux valu attendre avant de lancer les activités de la ligue ou ç’a valu la peine d’aller de l’avant dès 2012 ?

AS : Le foot québécois, le soccer canadien en fait, est en retard sur le reste du monde. Si on avait attendu cinq ans avant de lancer la ligue, ce retard se serait accentué et d’autres jeunes auraient arrêté de jouer. Ce qui aurait été dommage parce que je trouve que les joueurs nés en 1996 et 1997, et même en 1995, ce sont de très bons joueurs. Là, on a la chance de les avoir encore avec nous aujourd’hui, de les voir jouer dans la PLSQ. Sans ligue, ils auraient décroché du soccer. On a donc commencé au bon moment. J’espère maintenant que la division féminine de la PLSQ va démarrer, parce que ça aussi, c’est quelque chose dont a vraiment besoin.

 

PAS SI DISPENDIEUX

Q : Justement, les années à venir… Quelle direction la PLSQ va-t-elle prendre, devrait-elle prendre ?

AS : Il faut continuer à faire ce qu’on fait. S’assurer qu’on joue du bon soccer sur le terrain, faire beaucoup de promotion et de publicité, répandre le message pour faire en sorte que beaucoup de clubs veuillent se joindre à nous. Il faut changer la perception des gens qui croient que ça prend un budget de 100 000 $, voire 150 000 $ pour évoluer dans la PLSQ. Si on est bien organisé, avec 50 000 $ à 60 000 $, ça peut très bien fonctionner. Tu n’a pas nécessairement besoin d’aller chercher de grandes vedettes, tu peux simplement donner un salaire d’appoint à des jeunes joueurs. Les jeunes sont contents de pouvoir continuer à jouer au soccer, que leurs dépenses soient payées, que l’équipement soit fourni, d’être bien encadrés et d’avoir un coaching de qualité professionnelle. Il faut continuer comme ça, en espérant que d’ici trois à quatre ans, on aura de 12 à 15 équipes, ce qui serait excellent.

 

Q : La perception des gens concernant l’argent qu’on investit dans une équipe PLSQ est-elle en train de changer ?

AS : Il faut que les gens comprennent que l’argent qu’on consacre à la PLSQ, c’est un investissement dans l’avenir de tous les jeunes au sein du club. Au CS Longueuil, par exemple, tout le monde est gagnant parce nos entraîneurs de licence A et B (qui, dans certains cas, sont venus au club en raison de la présence d’une équipe PLSQ) dirigent, avec de jeunes entraîneurs, des jeunes de 4 à 8 ans. Le fait d’avoir Anthony Rimasson (comme entraîneur-chef et directeur technique), c’est quelque chose de super. Le vécu professionnel qu’il a, notamment au sein de l’organisation de Benfica, il l’a amené au club. Et déjà, on voit un grand changement au club. Des professionnels qui s’impliquent un peu partout dans les clubs, c’est bon, parce qu’ils changent la mentalité du club au complet. C’est ça qu’il faut continuer de faire.

 

L’EFFET DU CHAMPIONNAT CANADIEN

Q : La PLSQ participera au Championnat canadien à partir de l’an prochain. En quoi ça change les choses pour la ligue ?

AS : Depuis qu’on a annoncé ça, le degré d’intérêt des clubs qui veulent se joindre à la PLSQ a augmenté, est plus sérieux. Ça motive aussi les joueurs à vouloir montrer tout leur talent. Tout le monde veut finir premier. Tout le monde. La seule chose, c’est que j’aurais aimé que la Coupe Québec-Ontario se poursuive. Dans l’immédiat, il a fallu choisir entre ça et le Championnat canadien. J’espère qu’un jour, quand on aura les 12 équipes, on pourra quand même disputer le championnat Québec-Ontario. Peut-être que c’est le vainqueur de Coupe qui pourrait le faire.

 

Q : L’Association canadienne a annoncé qu’elle prévoit lancer la Première ligue canadienne l’an prochain. Voyez-vous ça d’un bon œil, alors que cette ligue fera le pont entre les circuits de division 3 (PLSQ et League 1 d’Ontario) et les trois clubs canadiens de la MLS ?

AS : C’est toujours positif quand on lance un nouveau projet. Il faut juste s’assurer que les différents projets ne viennent pas en conflit. Il faut que les académies des trois clubs de la MLS aient leur place dans cette ligue canadienne. Il faut que nos joueurs canadiens puissent jouer quelque part.

 

Entrevue et propos recueillis par Marc Tougas

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ