Trop fort, l’AS Blainville ?

 

Par Marc Tougas | @TougasMarc

 

Trop fort pour la ligue, l’AS Blainville ? À regarder les embauches faites par le club de l’entraîneur Emmanuel Macagno durant la saison morte, c’est tentant d’y aller avec l’hyperbole et de répondre « oui » à cette question à l’approche du week-end d’ouverture de la saison 2019 en division masculine de la Première ligue de soccer du Québec.

Après tout, quand on va chercher un Stefan Karajovanovic, deuxième buteur de la PLSQ l’été dernier, alors qu’on aligne déjà le Soulier d’or en Pierre-Rudolph Mayard, et qu’en plus on embauche un Wandrille Lefèvre encore en pleine force de l’âge (29 ans) quand Maxime Leconte est toujours là, on constate que l’ASB n’en est plus au stade de boucher des trous en terme de recrutement, mais plutôt à celui de solidifier des postes déjà bien pourvus.

Bref, on est à solutionner des problèmes… de riches !

Ce qui n’est pas un luxe, remarquez, quand on participe à un Championnat canadien transformé comme c’est le cas cette année. Cette fois, il ne suffira pas juste de venir à bout du rival ontarien de division 3 pour bien paraître, il faudra passer par des équipes de la toute nouvelle Première ligue canadienne (PLC). Un véritable travail de Sisyphe attend donc les joueurs blainvillois et on ne peut blâmer la direction d’avoir utilisé le chant des sirènes pour attirer des joueurs de ce calibre ; leur présence ne sera pas de trop.

Reste à savoir comment cela se traduira en championnat de la PLSQ. Ce qui nous ramène à notre question initiale : l’AS Blainville est-il trop fort pour la ligue ?

Selon l’entraîneur du CS Saint-Hubert François Bourgeais, dont l’équipe sera la première à affronter l’ASB cette saison en championnat, ce samedi à 13h au parc Rosanne-Laflamme, la réponse est non. Il estime toutefois que « Blainville a encore une marge d’avance sur certaines équipes ».

Et cette coche au-dessus a des avantages pour tout le monde.

« Ils aident les autres équipes de la ligue à hausser leur niveau de jeu », a dit Bourgeais des doubles champions en titre de la PLSQ.

« Moi, comme formateur, si mon équipe pouvait jouer tous les jours contre des équipes de Blainville, je pense que mes jeunes progresseraient très vite », a affirmé celui qui dirige un noyau de jeunes joueurs qu’il développe depuis l’entrée dans la ligue du CS St-Hubert en 2017. « D’ailleurs, je pense que nos jeunes de 18 à 20 ans, d’ici quelques années, auront au moins le même niveau que Blainville, si ce n’est plus. En tout cas, c’est ce qu’on souhaite. »

Bourgeais rappelle au passage que la domination d’équipes est souvent cyclique, et l’avenir dira si l’ASB saura maintenir la sienne au-delà de sa génération actuelle de joueurs. Mais il reconnaît que pour l’instant, les Blainvillois demeurent la référence au niveau de la PLSQ et il s’attend à ce que ceux-ci soient « très performants dès le premier match », c’est-à-dire celui de samedi. Après tout, le premier tour du Championnat canadien viendra dès la mi-mai, donc pas question pour les hommes de Macagno de commencer en douce.

Bourgeais est donc convaincu qu’un défi de taille attend ses joueurs, samedi, que l’ASB aligne son équipe A, B, C… ou J.

« Ça restera du haut de gamme, a-t-il noté. L’an passé, déjà, quand (Macagno) ne mettait pas forcément son onze titulaire, ça restait quand même une équipe super compétitive.

« Ils ont la capacité et l’effectif pour tout bien réussir (encore cette année), a par ailleurs affirmé Bourgeais. Mais est-ce que ça va bien fonctionner ? »

En voilà une autre bonne question, même si elle est l’antithèse de notre question initiale.

« J’espère que Blainville aura une bonne saison, parce que c’est bon pour la ligue quand toutes les équipes essaient de s’améliorer à chaque année, ça veut dire que le niveau de jeu monte, a de son côté affirmé le vétéran attaquant du CS Longueuil Frederico Moojen. Mais j’ai vu des équipes très bonnes sur papier qui, une fois la saison commencée… ce n’est pas la même chose. Je suis donc curieux de voir comment ça va se dérouler cette année. »

Et si l’ASB survole à nouveau le championnat, le travail des autres équipes ne s’en trouvera pas dévalorisé pour autant, rappelle Moojen. Après tout, il y a d’autres moyens de mesurer le succès d’un club de la PLSQ.

« La PLSQ est une ligue dont le but principal est de développer des joueurs, a-t-il souligné. Le plus important n’est pas tant le championnat que de donner aux jeunes un avenir, la possibilité d’aller jouer dans les rangs professionnels quelque part… »

Au moment où la PLC vient de se mettre en branle, ce volet devient d’ailleurs plus vrai et concret que jamais.

« (Le succès d’un club), on peut le mesurer aussi par le nombre de joueurs de l’équipe première qui sont issus de sa propre équipe U21 AAA ou U18 AAA, a fait remarquer Bourgeais. Le top du top, ce serait de gagner la PLSQ avec de jeunes joueurs en devenir qui ont un potentiel CPL, voire plus, et qui sont formés chez soi. »

 

Tous des matchs intéressants !

Le match St-Hubert/AS Blainville ne sera pas le seul rendez-vous intéressant en ce week-end inaugural de la saison 2019.

Ce sera également l’occasion de découvrir la toute nouvelle équipe de la division masculine de la PLSQ, le CS Monteuil, et son entraîneur Sandro Grande. Ceux-ci recevront le FC Gatineau, équipe finaliste de la Coupe PLSQ 2018 qui compte un nouvel entraîneur en Julian Labalec, samedi à partir de 15h au Centre sportif Bois-de-Boulogne à Laval.

Ce sera aussi l’occasion de voir si le FC Lanaudière, champion de la Coupe PLSQ 2018, poursuivra sur sa lancée de la fin de saison dernière à l’occasion de son duel contre le Dynamo de Québec, samedi à 14h30 au parc André-Courcelles à L’Assomption.

Et dimanche à 18h30 au parc TMR Rec 3 à Mont-Royal, on pourra voir de quel bois se chauffe le CS Mont-Royal Outremont, et dans quelle mesure les Griffons seront en mesure de menacer l’ASB dans la course au championnat. Le CS MRO recevra alors le CS Longueuil et Moojen, qui a promis de revenir en force cette année et de lutter à nouveau pour le titre de Soulier d’or.

 

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ.