La PLSQ fête ses 10 ans avec le sentiment du devoir accompli

par Marc Tougas

Les amateurs de soccer qui suivent la Première ligue de soccer du Québec depuis ses débuts, en 2012, apprécieront la symétrie mathématique que nous apporte la saison 2021 : la PLSQ comptera 10 équipes à sa 10e saison, si bien que le circuit québécois fêtera son 10e anniversaire avec un nombre record d’équipes dans l’histoire de sa division masculine.

« C’était le vœu de la ligue, quand elle a commencé, d’en arriver à un maximum de 12 équipes un jour si je me rappelle bien, et voilà que 10 ans plus tard, on a 10 équipes. C’est très bien », a commenté Sylvain Pereira, président de l’AS Blainville, seul club fondateur qui a disputé chacune des saisons de la PLSQ (et qui aligne notamment Maxime Leconte et Nicolas Bertrand, vétérans de la première heure), même s’il faut souligner que la région de Lanaudière assuré une présence constante sous deux incarnations différentes, FC L’Assomption et FC Lanaudière.

La progression s’est faite à petits pas quantitativement, mais qualitativement aussi depuis 10 ans. La compétition de Coupe, les équipes réserves, la division féminine, un championnat inter-provincial impliquant la League 1 d’Ontario (remporté une fois par CS Mont-Royal Outremont) sont des éléments qui sont venus s’ajouter au fil des ans. Tout comme la participation au Championnat canadien, qui permet au champion de saison de la PLSQ (Blainville à chaque fois jusqu’ici) de participer au tournoi qui regroupe aussi des équipes de la League 1, de la Première ligue canadienne (PLC) et de la Major League Soccer (MLS).

Cet assemblage graduel était la bonne approche à adopter, selon Pereira.

« Je pense que oui, sinon (si on avait attendu de pouvoir tout démarrer en même temps) on serait encore en train d’attendre aujourd’hui, a-t-il souligné. Il fallait faire un acte de foi au moment de démarrer, pour ensuite bâtir au fur et à mesure et devenir plus solide. »

Pendant ce temps, la PLSQ remplissait aussi sa mission sur le terrain : permettre aux meilleurs joueurs du Québec de franchir une étape supplémentaire dans leur développement. Si, au départ, le circuit québécois mettait en vitrine des joueurs renommés en fin de carrière – comme Rocco Placentino et Sandro Grande, par exemple, des anciens de l’Impact de Montréal qui ont aidé Saint-Léonard FC à décrocher le premier championnat dans l’histoire de la PLSQ, en 2012 -, au fil des ans il a permis à un nombre grandissant de jeunes vedettes montantes de se mettre en valeur. La PLSQ a ainsi trouvé sa voie : celle d’une ligue de développement.

Une ligue de développement apte à alimenter les circuits supérieurs, comme on le voit ces dernières années avec le nombre grandissant de joueurs qui ont abouti dans la PLC, mais qui offre aussi désormais un calibre de jeu fort intéressant pour les joueurs qui veulent tout simplement jouer à la maison.

« La qualité des joueurs a beaucoup évolué, a indiqué Pereira. Comparé à il y a cinq ans seulement, on n’est pas à la même place du tout. Ça devient de plus en plus compétitif, des clubs dominants comme ceux des dernières années – CSMRO (champion de saison en 2013, 2015 et 2016) et Blainville (champion de saison de 2017 à 2020) -, il n’y en aura plus. Les clubs développent de mieux en mieux leurs joueurs. Ça fait qu’on est capable de jouer contre des équipes de l’Ontario et de la PLC sans crainte. »

« La PLSQ représente un très bon test pour les jeunes joueurs qui montent et qui, s’ils sont assez bons, ont des ambitions d’aller au plus haut niveau », a noté Frederico Moojen, un vétéran attaquant qui participé aux neuf premières saisons de la PLSQ (avec L’Assomption, Mont-Royal Outremont et CS Longueuil) et a été le premier joueur dans l’histoire du circuit à atteindre le cap des 100 buts marqués.

Dans cette optique, la participation annuelle au Championnat canadien représente l’initiative qui a eu le plus d’impact dans le cheminement du circuit jusqu’ici, selon Pereira et Moojen (de concert avec la mise sur pied d’une division féminine, ajoute Pereira).

« Le championnat de saison de la PLSQ, c’est bien en soi, mais un titre disputé entre six, sept ou huit équipes, ce n’est pas ce qui est le plus stimulant au monde, a noté Moojen. Le Championnat canadien, c’est quelque chose qui vient motiver les joueurs à en donner plus, et les équipes aussi. »

« Le fait qu’on puisse disputer des matchs serrés contre les équipes de la PLC, par exemple, ce sont de belles cartes de visite pour nos joueurs, a souligné Pereira. On a cinq anciens joueurs de Blainville qui sont dans la formation de Halifax cette année. Au cours des trois dernières saisons, nous (l’ASB) avons fourni huit ou neuf joueurs à la PLC. »

Pereira trouve tout ça magnifique car qui dit joueurs recrutés à un palier supérieur, dit aussi recrutement facilité pour son propre club ici au Québec.

« Dans les premières années avec (l’entraîneur-chef Emmanuel Macagno), il fallait cogner aux portes, aller voir plein de matchs (pour recruter). Maintenant, pour être bien honnête, ce sont les joueurs qui cognent à notre porte », a dit Pereira.

Dans l’optique d’une PLC qui ne fait que commencer à prendre son envol et qui risque de s’établir dans une ou deux villes du Québec à court ou moyen terme, ce rôle de fournisseur de joueurs que joue la PLSQ est appelé à s’accentuer. Ce qui nous amène à la question de l’avenir du circuit québécois : de quoi auront l’air les 10 prochaines années?

Selon Moojen, si la PLSQ garde le même sérieux au niveau de l’encadrement des joueurs qu’à ses 10 premières années, ce sera déjà un grand pas de fait. Par le passé, de nouvelles ligues provinciales avaient été créées pour donner un coup de barre et inciter les clubs à faire preuve d’un plus grand sérieux à ce titre, mais les belles intentions n’avaient duré qu’un temps. La PLSQ semble vouloir résister à ce type de relâchement.

« À mon retour au Québec, avant la PLSQ, l’équipe pour laquelle je jouais tenait en principe des entraînements les mardis et les jeudis, a indiqué Moojen. Mais, par exemple, s’il pleuvait le mardi, l’entraînement était annulé et ensuite, le jeudi, des joueurs disaient qu’ils devaient s’absenter à cause d’autres obligations. Souvent, la seule fois de la semaine où les gars de l’équipe se retrouvaient tous ensemble, c’était au match! La PLSQ, c’est bien mieux que ça.

« Dans la PLSQ, règle générale c’est trois entraînements par semaine, des clubs ont même un entraîneur spécialisé en conditionnement physique, un autre pour diriger les gardiens. C’est beaucoup mieux organisé que c’était avant. »

Pereira, lui, estime que les 10 prochaines années seront celles de la consolidation.

« Je pense qu’on va monter à 12 ou 13 clubs dans les prochaines années et qu’éventuellement, on va redescendre à 10 équipes, mais 10 équipes fortes et solides, a avancé Pereira. En ce moment, on peut voir qu’il y a des équipes qui ont moins de moyens que d’autres, mais éventuellement on va tous être à la même place.

« Et j’espère qu’un jour il va avoir un commanditaire pour la ligue, qu’une grosse marque canadienne va décider d’aider financièrement les équipes de la Ligue. »

 

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de Soccer Québec.