TÊTE À TÊTE… AVEC FREDERICO MOOJEN, LE PREMIER À MARQUER 100 BUTS DANS LA PLSQ

 

Par Marc Tougas | @TougasMarc

 

Le 20 août 2017 restera une date marquante dans l’histoire de la Première ligue de soccer du Québec (PLSQ). Frederico Moojen est alors devenu le premier joueur dans les annales du circuit professionnel de division 3 à atteindre le cap des 100 buts en carrière, championnat et coupe combinés.

 

Moojen a réalisé l’exploit en réussissant un tour du chapeau dans une victoire de 3-2 des Griffons de Mont-Royal Outremont contre l’AS Blainville, ce qui lui a donné un total de 102 buts, soit 94 en championnat et huit en Coupe. Le Montréalais d’origine brésilienne ne donne aucun signe de ralentir malgré ses 34 ans puisque celui qui a décroché le Soulier d’or de la PLSQ à chacune des cinq premières années d’existence de la ligue (à égalité avec Pierre-Rudolph Mayard l’an dernier) a affiché sa meilleure production en 2016, alors qu’il a inscrit 24 filets, dont 21 en championnat.

 

Membre du FC L’Assomption-Lanaudière à ses trois premières saisons dans la PLSQ, Moojen a rejoint le CSMRO en 2015, aidant ce club à décrocher deux championnats de suite, ainsi que la Coupe Pro Division 3 contre Vaughan, champion de la League 1 d’Ontario, l’automne dernier. L’hiver, il s’aligne avec les Tropics de la Floride dans la Major Arena Soccer League (MASL), un circuit professionnel de soccer intérieur avec bandes où il évolue depuis une décennie.

 

Moojen a d’abord joué au soccer extérieur dans la USL, avec l’Impact de Montréal et le Thunder du Minnesota, en plus de faire des séjours en Pologne, Oman et Thaïlande. Installé à Montréal pour des raisons personnelles et familiales, il fait de la PLSQ son nid estival depuis la naissance du circuit en 2012.

 

Preuve d’un engagement sérieux

Q : Que signifie pour toi ce plateau des 100 buts dans la PLSQ ?

FM : C’est une grande sensation parce qu’au moment où j’ai commencé à jouer dans la PLSQ quand la ligue a été mise sur pied en 2012, je ne savais pas à quoi m’attendre. Je jouais alors avec L’Assomption. Bien que j’avais joué ailleurs dans les rangs professionnels, le club ne savait pas trop à quoi s’attendre de ma part non plus. Reste que depuis le début, je pense avoir réussi à faire preuve de sérieux, à montrer que je veux marquer des buts et faire de mon mieux pour aider mon équipe. Ce plateau de 100 buts montre que tout est possible quand tu travailles fort et que tu crois en toi-même, tout en faisant preuve de patience et de ténacité.

 

Q : Comment expliques-tu la constance que tu as affichée ?

FM : Il faut s’entraîner avec ardeur, être concentré à tous les matchs et être fort mentalement. Parce que ce n’est pas facile de jouer dans la PLSQ et ce, pour plusieurs raisons. Ce n’est pas le plus haut niveau, mais les clubs font les choses de la façon la plus professionnelle possible.

 

Q : On dit qu’on ne peut pas enseigner à quelqu’un comment marquer des buts, mais aurais-tu des conseils pour les jeunes joueurs qui ont le sens du but?

FM : Il faut avoir confiance en soi. Il s’agit de donner son maximum à l’entraînement et de travailler à maintenir sa confiance.

 

Q : Quels sont tes meilleurs souvenirs jusqu’ici dans la PLSQ?

FM : Avec L’Assomption, quand Nicolas St-Cyr et Allen Bernier géraient l’équipe, j’ai de bons souvenirs parce que c’était très bien organisé, très professionnel. Je me souviens du match où j’ai marqué sept buts (dans un gain de 10-1 contre le FC Boisbriand en août 2013). Et avec Outremont, mes plus beaux souvenirs sont en lien avec nos trois championnats. Tous les joueurs veulent remporter des titres, donc c’étaient des moments très importants.

 

Q : Dans quelle mesure te joindre au CSMRO a fait des Griffons une meilleure équipe, et de toi un meilleur joueur ?

FM : Tout bon joueur est en mesure d’amener quelque chose de positif à une équipe. Évidemment, dans mon cas, c’est en marquant des buts. Je peux également montrer aux plus jeunes de l’équipe comment être professionnel dans son approche. Et le club, lui, me permet d’évoluer dans un environnement où les choses sont bien organisées. Outremont fait les choses de la bonne façon, alors je suis heureux avec eux.

 

La PLSQ plutôt que la USL

Q : Tu as joué dans la USL à tes débuts et sans doute que tu pourrais le faire encore de nos jours. Pourquoi joues-tu plutôt dans la PLSQ ?

FM : Encore cette année, on m’a offert de jouer en USL en Floride, où je vis l’hiver puisque j’y joue au soccer intérieur. C’était tentant comme offre, mais ce n’était pas la meilleure chose pour ma famille, puisque ma conjointe est une Montréalaise et que nous avons un garçon qui aura bientôt deux ans, et nous aimons revenir ici l’été. Il y a aussi le camp de repêchage que j’organise avec l’ancien joueur de l’Impact Antonio Ribeiro, où nous faisons venir des entraîneurs d’universités américaines et canadiennes pour que des jeunes puissent se faire voir et obtenir des bourses d’études, alors le mieux c’est que je puisse être ici et m’occuper de ça aussi. La PLSQ me permet de jouer à un bon niveau et financièrement, la PLSQ combinée avec le camp de repêchage est aussi avantageux financièrement, sinon plus, que de jouer en USL. Ça ne ferait donc pas de sens de laisser tomber le camp de repêchage pour aller jouer en USL, d’autant plus que le camp de repêchage n’est pas seulement une question d’argent, c’est aussi une façon d’aider les jeunes à poursuivre leurs rêves. Antonio et moi, nous trouvions que c’était un service qui manquait ici. L’université, c’est important pour l’avenir d’une personne, et c’est aussi une belle opportunité de jouer à un haut niveau.

 

Q : Le soccer intérieur avec bandes est ton principal gagne-pain. Comment s’est présentée cette opportunité ?

FM : Je jouais dans la NCAA avec l’Université Clemson, l’équipe était no 1 aux États-Unis et beaucoup de clubs de soccer extérieur s’étaient intéressés à moi, et c’est alors que j’ai signé un contrat avec l’Impact. J’étais à Montréal, d’ailleurs, quand l’entraîneur de l’équipe de soccer intérieur du New Jersey m’avait appelé pour m’offrir de jouer avec eux. À ce moment-là, je ne savais même pas que ce sport existait! L’offre était très généreuse financièrement, c’était surprenant. J’ai accepté. J’ai bien fait à ma première année, alors que j’ai été nommé recrue de l’année. Ç’a attiré l’attention des autres clubs de la ligue intérieure et j’y joue depuis. C’est un sport très proche du futsal, que j’ai pratiqué toute ma vie au Brésil, alors c’est parfait pour moi.

 

Q : Jouer au soccer dans la NCAA, c’est ce qui t’as amené à quitter le Brésil. Pourquoi ?

FM : Je suis arrivé aux États-Unis en 2004, à 21 ans. Jusque-là, j’avais joué au foot toute ma vie au Brésil, chez les jeunes avec deux grands clubs notamment, Internacional et Coritiba. Étudier au Brésil était très difficile. Il fallait s’entraîner (avec son club de foot) les matins et les après-midis, puis suivre ses cours le soir. Mon rêve, c’était d’aller jouer au soccer universitaire aux États-Unis et ensuite y poursuivre une carrière dans les rangs professionnels.

 

Débuts professionnels avec l’Impact

Q : Et cette carrière pro a commencé avec l’Impact…

FM : Une fois ma carrière universitaire terminée, j’avais été invité aux camps de dépistage de la MLS et de la USL. J’ai eu des offres de clubs des deux ligues, d’Europe aussi, notamment une équipe du Danemark. Mais Montréal m’avait fait une offre (sur le plan financier) que je ne pouvais pas refuser. L’Impact était déjà, à ce moment-là, une équipe très professionnelle. J’ai signé un contrat de deux ans sauf qu’après deux matchs, j’ai commencé à ressentir de la douleur et j’ai dû me faire opérer à l’aine. Je n’ai finalement joué que sept matchs avec eux. J’ai quand même rencontré ma future conjointe à Montréal à ce moment-là et l’année suivante, je me suis retrouvé avec un autre club bien structuré au Minnesota.

 

Q : Devenu citoyen canadien en 2013, tu as été invité en sélection canadienne au futsal et au foot-volley, ce qui t’a notamment permis de rafler un Soulier d’or en Championnat de la CONCACAF. Qu’est-ce que ça signifie pour toi de représenter le Canada à l’échelle internationale ?

FM : C’est quelque chose que je prends au sérieux parce qu’on représente alors son pays et je suis reconnaissant pour tout ce que le Canada m’a donné. J’adore vivre ici, alors porter le maillot canadien est toujours un moment de grande fierté pour moi. J’espère le porter encore plusieurs fois.

 

Entrevue et propos recueillis par Marc Tougas

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ.