L’AS Blainville champion d’un court championnat… encore plus court que prévu

 

Par Marc Tougas / @La90eminute

 

Amorcée en retard à cause de la COVID-19, la saison 2020 de la Première ligue de soccer du Québec (PLSQ) aura aussi été écourtée pour les mêmes raisons. Et au cours de ce championnat qui n’avait rien d’ordinaire, c’est l’équipe habituelle qui a remporté le titre: l’AS Blainville.

Le passage en zone rouge de plusieurs régions du Québec, ordre de la santé publique, a forcé Soccer Québec à mettre fin aux activités de ses ligues inter-régionales pour empêcher que les joueurs voyagent d’une région à l’autre et risquent ainsi de propager le virus. Résultat, les équipes de la PLSQ n’ont pas pu disputer les deux derniers, voire les trois ou quatre derniers, des 10 matchs qui étaient initialement prévus à leur horaire.

Blainville a été couronné champion du circuit en vertu d’une moyenne de 2,375 points au classement récoltés par match, comparé à 2,00 pour Ottawa South United. L’ASB a fini la saison avec une récolte de 19 points en huit rencontres (fiche de 6-1-1) et OSU, de 14 points en sept affrontements (4-2-1), ce qui lui a donné le deuxième rang au classement.

Les circonstances ont quand même fait que Blainville et Ottawa ont pu disputer entre eux un match au sommet – et le duel qui allait s’avérer décisif – le 19 septembre dernier dans les Laurentides. Les hommes de l’entraîneur Emmanuel Macagno l’ont alors emporté 3-2, eux qui avaient fait match nul 1-1 à l’aller, le 15 août dans l’Outaouais.

La saison avortée et l’interdiction de se rassembler privera les joueurs de l’ASB de l’occasion de célébrer le titre, un quatrième de suite pour l’équipe depuis 2017, mais ce triomphe contre leur adversaire direct leur aura quand permis de le faire un peu, a indiqué le vétéran Wandrille Lefèvre.

« On n’est pas une équipe qui joue pour célébrer ses victoires. Mais quand on a battu Ottawa, on savait qu’on avait un pied et demi dans la coupe, a noté Lefèvre. On savait qu’à moins d’une catastrophe, on venait de se donner l’opportunité d’être champion, on avait un bon coussin au classement (cinq points d’avance sur Ottawa avec un match de plus de disputé). On l’a donc fêté d’une certaine manière à ce moment-là. »

Du côté de l’OSU, on savait qu’on venait d’échapper une belle occasion, une situation d’autant plus regrettable que c’était là la seule tache, et la seule défaite, au cours d’une saison autrement remarquable.

« On a eu des matchs où on est revenu au score, on a marqué des buts, on a su bien défendre… », a indiqué Stefan Karajovanovic qui, après une saison disputée à l’ASB la saison dernière, est retourné jouer dans l’Outaouais cet été, là où il a fait ses débuts dans la PLSQ avec le FC Gatineau. « Le seul match où on a manqué un peu de panache (en 2020), c’est contre Blainville. On a été coude à coude avec eux jusqu’à notre match (du 19 septembre) contre eux… »

L’OSU s’est distingué cette année grâce à ses petits joueurs rapides, mais la petite taille d’un bon nombre de ses joueurs – cinq pieds sept, voire cinq pieds huit en moyenne, estime Karajovanovic — aura été fatale dans ce revers de 3-2 contre Blainville.

« On a pris deux (buts sur des) têtes et ç’a fait la différence », a souligné l’attaquant de 21 ans.

L’OSU aura quand même connu une belle saison, d’autant plus que la présence de l’équipe en PLSQ aura permis aux meilleurs joueurs des régions de Gatineau et d’Ottawa – dont plusieurs joueurs qui évoluent avec les Ravens de l’université Carleton – de jouer ensemble. Résultat, l’édition de 2020 n’avait plus rien à voir avec celle de 2019 de l’OSU, qui avait alors terminé dernier au classement de la League 1 d’Ontario.

« On avait seulement deux joueurs de l’année passée. Ce qui a fait la différence, c’est la COVID-19, a dit Karajovanovic. C’était un peu compliqué pour les gars de sortir de la région. Moi, par exemple, je visais d’aller jouer à Blainville encore cette année. Il y avait plusieurs gars qui jouent habituellement avec d’autres équipes, notamment aux États-Unis, et en raison de la COVID ils ont dû rester près de la maison. On a été quelques-uns à s’entraîner un peu avec l’Atletico Ottawa, mais ensuite, la Première ligue canadienne a décidé de ne pas commencer sa saison tout de suite… On s’est finalement retrouvé avec l’OSU comme seule équipe locale où on pouvait aller jouer. »

En raison des circonstances anormales attribuables à la pandémie, certains mettront un astérisque à côté de ce championnat remporté par l’AS Blainville. Mais pas les joueurs de l’ASB qui, d’une certaine façon, ont savouré le moment présent davantage cette année en raison des circonstances spéciales, justement.

« Ce qu’on trouvait dur comme sportifs (pendant le confinement), c’était de ne pas avoir cette camaraderie, de ne pas pouvoir taper dans le ballon ni laisser libre cours à notre esprit de compétition, a indiqué Lefèvre. Quand on a su qu’on allait avoir une saison, même si elle allait être écourtée, on était super content de se retrouver. Il y a donc eu énormément de positivisme tout au long de la saison, et je pense que ça nous a aidé. Tout le monde était sur la même page. »

 

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de Soccer Québec.