Coupe Ligue1 Québec : L’AS Blainville, rare tombeur du FC Laval

 

Par Marc Tougas | @La90eminute

 

Cette Coupe PLSQ 2022 qui a été remportée par l’AS Blainville grâce à sa victoire de 3-1 contre le FC Laval en finale, samedi, c’est un coup de chapeau aux quelques vétérans qu’on retrouve encore au club blainvillois et qui ont dominé la Première ligue de soccer du Québec (PLSQ) au point de remporter quatre championnats de suite de 2017 à 2020. Mais c’est aussi un avertissement aux autres équipes du circuit : la génération suivante du club est déjà là et elle pourrait fort bien être du même niveau que la précédente.

« Je sais qu’eux, ils disent qu’ils ont une équipe jeune mais nous, elle est jeune aussi », a noté l’entraîneur-chef de l’ASB Emmanuel Macagno après que sa formation, en l’absence notamment du vétéran capitaine Pierre-Rudolph Mayard, ait eu le dessus sur un club lavallois qui a décroché le championnat de saison 2022 avec une majorité des joueurs de 20 ans et moins.

« (Remporter la Coupe PLSQ) ça termine bien une saison où on a eu des débuts plus difficiles parce qu’on avait un effectif remanié plus qu’on le pensait, donc il fallait trouver une façon de jouer, il fallait que j’apprenne à savoir qui étaient les joueurs, il fallait qu’eux sachent comment je fonctionne », a dit Macagno de son équipe, qui a pris du retard au classement en début de championnat 2022 mais a terminé en force pour conclure en troisième place. « On y a mis un peu de temps, trop de temps pour être champion, malheureusement. Par contre, on a bien réagi puisqu’on a eu neuf matchs consécutifs avec la victoire. On a joué pour le titre jusqu’à l’avant-dernier match alors qu’on a subi la défaite contre (le FC Laval, 2-1) à la 96e minute, puis on a éliminé St-Laurent (en demi-finale de la Coupe PLSQ), qui est une équipe qui joue très bien au ballon, et on finit par battre maintenant le champion en titre… »

C’est certainement signe de quelque chose.

« Cette Coupe PLSQ, c’est un trophée qui vient bien lancer ma carrière dans la PLSQ », a souligné Montacef El-Harchali, capitaine de l’ASB pour cette Coupe PLSQ en l’absence de Mayard, blessé, et joueur issu de la réserve du club qui est devenu titulaire cette saison. « Je le prends avec plaisir et j’espère qu’il y en aura d’autres pour nous. »

« Notre but (samedi), c’était d’avoir du plaisir, a souligné Macagno. Gagner, oui, mais surtout d’avoir du plaisir. On a eu du plaisir, on a gagné et je pense qu’on a aussi ajouté la manière. »

 

Du jamais vu

La manière, effectivement, parce que non seulement l’AS Blainville a battu une équipe du FC Laval qui n’avait subi qu’une défaite en championnat, la troupe de Macagno a aussi marqué trois buts contre une formation qui n’en avait jamais encaissé plus de deux dans un match en 2022 – le 3 septembre dans sa défaite de 2-1 contre le CS St-Laurent et le 24 juillet lors d’une nulle de 2-2 contre le CS Mont-Royal Outremont.

La manière, aussi, parce que l’ASB l’a emporté après avoir concédé le premier but du match.

Le FC Laval a fait mouche en premier quand Adama Sissoko, un des deux seuls vétérans du club avec le défenseur Wandrille Lefèvre, a marqué dans le premier quart d’heure à la suite d’une séquence qui aurait pu démoraliser les joueurs blainvillois puisqu’elle a commencé avec une poussée à l’attaque… à un contre quatre.

L’ASB a toutefois répliqué avec trois buts dans la demi-heure qui a suivi. Le premier quand Mitchell Syla a repris de la tête un corner tiré par Safwane Mlah, le deuxième au moyen d’un tir d’une quinzaine de mètres d’El-Harchali à l’entrée de la zone de réparation et le troisième sur le tir au ras du sol d’Aylan Khenoussi.

« (Le but du FC Laval) a sanctionné un départ un peu crispé de notre part, où les joueurs – c’était leur première finale pour la plupart – étaient un peu tendus. Mais bon, après ça, on a bien réagi, on a joué notre foot, a indiqué Macagno. On est resté calme, on n’a pas été frustré et, paradoxalement, (le but du FC Laval) a permis aux joueurs d’être un peu moins tendus. Petit à petit, on s’est installé chez eux. »

« Ce qui est bien, c’est que même après avoir créé l’égalité (à 1-1), on a continué à attaquer », a noté El-Harchali.

 

Une gestion délicate

À 3-1 à la mi-temps, l’issue du match semblait évidente mais reste qu’il fallait bien gérer les 45 dernières minutes de jeu pour éviter que tout s’effondre.

Le FC Laval a passé beaucoup de temps dans le tiers offensif durant le premier quart d’heure de cette deuxième demie, mais la défensive blainvilloise a plié sans céder. Puis, l’ASB a commencé à se présenter en zone adverse en cherchant à contrôler le ballon, à attaquer mais prudemment. Ce qui a quand même donné quelques incursions où Lefèvre a dû s’interposer avec des tacles bien appuyés. Même si le FC Laval s’est retrouvé à 10 avec une vingtaine de minutes à jouer quand Mamoudou Keita a reçu son deuxième carton jaune du match, l’ASB avait déjà montré qu’il n’avait aucune intention de laisser la victoire lui filer des doigts.

« À la mi-temps, Manu nous a rappelé qu’à 3-1, c’était compliqué à gérer. Les joueurs le savaient tous d’ailleurs, a noté El-Harchali. On avait tous déjà vécu cette situation en saison où on avait eu l’avance par quelques buts d’écart et qu’on était rentré à la mi-temps avec la grosse tête, puis… soudainement on a pris des buts faciles (en deuxième mi-temps). »

« La difficulté quand tu as deux buts d’avance c’est que l’autre équipe, si elle marque assez tôt dans la deuxième mi-temps, le momentum lui revient, a souligné Macagno. Sur une finale comme ça, ça peut être particulièrement embêtant, surtout qu’on n’a pas tellement d’expérience dans ce contexte. »

 

Serein malgré la défaite

L’entraîneur-chef du FC Laval Boubacar Coulibaly acceptait quant à lui la défaite avec sérénité. L’avance au score cédée à l’adversaire et, surtout, l’obligation de revenir au score en deuxième demie, représentaient à ses yeux de belles occasions d’apprentissage qui serviront sans doute un jour.

« C’est un jeune groupe et l’année prochaine, on va être au Championnat canadien, donc ce sont des choses qu’il faut qu’on apprenne à gérer, a fait remarquer Coulibaly. On savait que (Blainville) allait reculer en deuxième mi-temps, il s’agissait de passer autour, de faire bouger le ballon un peu plus vite, ce qu’on a fait les 15 premières minutes de la deuxième demie. Dans ce contexte, c’est important que tu marques un but, mais on ne l’a pas fait. Il fallait prendre le temps et être patient mais après le carton rouge, on a perdu un peu de cette patience.

« Mais pour une jeune équipe comme celle-là, c’est quand même une saison incroyable », a lancé Coulibaly en faisant allusion à ce parcours jusqu’en finale de la Coupe PLSQ qui est venu s’ajouter à la conquête du championnat de saison.

 

Un quatrième trophée en 2022 pour l’ASB

L’avenir est donc prometteur au FC Laval mais il l’est aussi à l’AS Blainville, d’autant plus que ce trophée de la Coupe PLSQ remporté par l’équipe masculine vient s’ajouter aux trois titres remportés en 2022 par l’équipe féminine de l’ASB, soit le championnat, la coupe et le Championnat canadien.

« Je n’ai jamais vu un désir de gagner aussi fort que cette année chez les filles et les garçons, a déclaré Sylvain Pereira, président de l’ASB. Les garçons en fin d’année surtout, mais les filles aussi durant l’année – elles ont été incroyables, elles ont établi leurs objectifs et ont toujours refusé de les lâcher. »

 

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de Soccer Québec.