TÊTE À TÊTE… AVEC KEVIN COSSETTE, LE DYNAMO AU VÉCU DE PRO
Par Marc Tougas | @TougasMarc
Ancien de l’Impact et de son Académie, vétéran de la USL professionnelle avec Louisville City FC, Kevin Cossette [photo, © Stéphane Gaudreau] est né à Greenfield Park et a ensuite joué pour les Cosmos de Granby et le FC Sélect Rive-Sud dans les rangs juvéniles. Le milieu de terrain de 27 ans est maintenant bien installé dans la région de Québec, si bien que c’est tout à fait logique que celui qui s’est déjà aligné avec le Rouge et Or de l’Université Laval dans le réseau universitaire ainsi qu’avec le Royal Sélect Beauport dans la Ligue élite de soccer du Québec se retrouve maintenant avec le Dynamo dans la Première ligue de soccer du Québec (PLSQ).
Après avoir vécu la vie de nomade que lui imposait sa carrière de joueur de soccer professionnel, Cossette profite maintenant d’une bonne stabilité dans la capitale québécoise, où il occupe le poste de directeur technique avec l’AS Mistral Laurentien en plus d’être une des figures de proue du Dynamo en tant que joueur.
UN EXEMPLE À SUIVRE
Q : Des joueurs comme toi qui ont une expérience à différents niveaux du soccer professionnel nord-américain, comme Frederico Moojen au CSMRO, Pierre-Rudolph Mayard avec l’AS Blainville et Philippe Davies avec le CS Longueuil… Quel est votre impact au sein de la PLSQ en général et dans vos équipes respectives en particulier ?
KC : Les joueurs que tu as nommés amènent un sérieux à la ligue. Je ne pense pas que des joueurs comme Pierre-Rudolph et Fred seraient au Québec en ce moment s’il n’y avait pas de PLSQ. Notre rôle, c’est de montrer l’exemple, de montrer c’est quoi le professionnalisme. Au Dynamo, au-delà d’être un mentor pour les jeunes, j’ai un rôle de leader sur le terrain. Je montre l’exemple en ayant une éthique de travail la plus irréprochable possible. Je ne manque aucun entraînement ni activité, je suis dans les premiers arrivés et les derniers partis.
Q : Et qu’est-ce que la PLSQ t’apporte de ton côté?
KC : Ça me permet d’avoir un bon équilibre entre ma vie professionnelle, sportive et personnelle. Et de jouer à un niveau plus élevé que la Ligue élite. Je m’en rends compte avec les matchs que le Dynamo a joués jusqu’à maintenant. On affronte des adversaires mieux structurés (qu’en LSEQ), qui ont toutes un plan de match établi et des effectifs étoffés. Il faut accepter de souffrir pour obtenir des résultats.
Q : Tu as vécu les premiers moments de la structure de développement de l’Impact, en jouant pour l’Attak de Trois-Rivières dans la CSL en Ontario, puis l’Académie du club à ses premières années. Comment ça s’est passé pour toi ?
KC : J’ai énormément progressé en tant que joueur. Au début, avec l’Attak, le niveau ressemblait beaucoup à la PLSQ d’aujourd’hui. Puis après, avec l’Académie, tu te retrouves dans un environnement où tu t’entraînes à tous les jours, avec des entraîneurs très compétents, qui ont juste une idée en tête, de former les joueurs professionnels de demain. Tout est fait pour que tu puisses performer.
Q : À quel moment est venue ta chance avec l’équipe première de l’Impact ?
KC : En 2010. J’ai fait des voyages, j’ai disputé mon premier match à Rochester comme remplaçant avec 10 minutes à jouer. J’ai ensuite fait mon premier match à Montréal, comme remplaçant à 15 minutes de la fin. J’ai joué un autre match à Montréal la semaine suivante… Mais ç’a été tout. Au début, quand j’étais avec l’Académie, on me suivait de près parce qu’à titre de milieu de terrain, j’avais un profil qui les intéressait. Mais même si j’ai bien fait dans les matchs, je n’étais pas nécessairement totalement prêt, et j’ai fini l’année avec l’Académie. (En 2011), j’ai eu un camp en deux temps – tout s’est bien passé durant la première phase, mais ç’a été plus difficile durant les deux semaines en Arizona, alors qu’on a joué contre des équipes de la MLS. Avec le contexte qu’il y avait, le fait que l’équipe s’en allait en MLS dans un an, que l’organisation planifiait en conséquence… Ç’a été compliqué pour moi et on ne m’a pas offert de contrat. C’est à ce moment-là que je me suis tourné vers le Rouge et Or de l’Université Laval et, à partir de 2013, le Royal Sélect Beauport (en LSEQ).
LA VIE DE PRO À LOUISVILLE
Q : Comment as-tu abouti dans la USL avec Louisville en vue de la saison 2015 ?
KC : J’étais avec le Rouge et Or et je connaissais une très bonne saison. Nos matchs étaient tous filmés et j’ai eu l’idée de faire une vidéo de faits saillants pour m’amuser. Quand j’ai fini de le faire, j’ai trouvé que c’était une bonne vidéo. Je l’ai envoyée à droite et à gauche, plusieurs équipes m’ont offert de participer à des camps ouverts. Mais je voulais quelque chose de plus concret. J’ai eu des essais à Pittsburgh, à Rochester… Finalement, au mois de juin, le coach de Louisville m’a recontacté en me disant qu’il avait un vide à combler à ma position. J’ai fait un essai de 10 jours là-bas et au bout de la neuvième journée, on m’a offert un contrat pour le reste de l’année.
Q : Et la saison s’est passée comment ?
KC : Ça s’est bien passé au début, j’étais parfois remplaçant, parfois partant. Dans cette équipe-là, c’était pas compliqué : si tu performais, tu jouais. Et si tu ne performais pas, tu ne jouais pas. Il n’y avait pas de superstars, même s’il y avait des joueurs de très grande qualité, qui avaient joué en MLS avant, qui essayaient de relancer leur carrière… Puis, j’ai été partant lors du match à Louisville contre le FC Montréal. Ç’a été moins bien pour moi dans ce match-là, comme pour l’ensemble de nos joueurs. Ensuite, en fin de saison, j’ai vu ce qu’était le monde professionnel. L’équipe ayant connu des résultats au-delà des espérances à sa première année dans la ligue, les investisseurs ont décidé de bonifier le budget et d’aller chercher de meilleurs joueurs… Je suis un de ceux qui ont écopé. Ç’a été difficile de trouver autre chose, alors je suis retourné avec Beauport dans l’espoir de me replacer. J’ai notamment eu un autre essai à Pittsburgh, mais ils m’ont offert un salaire qui était bien en-dessous de ce que j’avais eu à Louisville, et je ne pouvais me le permettre financièrement.
Q : Parle-nous de la saison du Dynamo… Quand, d’après toi, allons-nous voir la vraie valeur de l’équipe en terme de résultats ?
KC : L’association régionale (de Québec) a pris en mains le projet du Dynamo et c’est un projet super bien rodé. Nos vestiaires, comment on accueille les gens, le fait qu’on ait eu de belles foules, je pense qu’on se distingue à ce niveau. Au niveau sportif, le projet mis en branle par notre entraîneur est intéressant, mais c’est aussi quelque chose auquel les joueurs ne sont pas habitués, donc il faut du temps pour mettre ça en place.
Q : Compte tenu de l’important bassin de joueurs qu’il y a à Québec, à quel point le Dynamo peut-il devenir une équipe de premier plan à moyen terme d’après toi ?
KC : Les clubs de la région ont travaillé extrêmement fort pour produire (des joueurs). Il y a plusieurs équipes seniors de Québec dans la Ligue élite et parmi elles, il y a notamment Beauport qui est encore au sommet du classement, même si le Dynamo est allé chercher des joueurs, y compris pour son équipe réserve. Ça veut dire qu’il y a des gens qui travaillent bien.
Entrevue et propos recueillis par Marc Tougas
Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ.