TÊTE À TÊTE… AVEC DEX KANIKI, DANS LA FOULÉE DES MOOJEN ET MAYARD

 

Par Marc Tougas | @TougasMarc

 

Quand on jette un coup d’oeil sur le classement des buteurs de la Première ligue de soccer du Québec (PLSQ), on retrouve habituellement Frederico Moojen, des Griffons de Mont-Royal Outremont, et Pierre-Rudolph Mayard, de l’AS Blainville, en tête de liste. Mais bon an, mal an, Dex Kaniki n’est pas loin et se tient en embuscade.

 

Ç’a encore été le cas tout au long de la présente campagne, mais voilà qu’après le dernier week-end du championnat, l’attaquant du CS Longueuil se retrouve en tête avec 11 buts, à égalité avec Moojen et un filet devant Mayard.

 

Âgé de 26 ans, Kaniki est de retour au CSL cette année après avoir aidé le club à remporter le championnat de la PLSQ et à atteindre la finale de la Coupe PLSQ en 2014. Originaire de la République du Congo, il a fait un détour en Belgique avant de se joindre au circuit professionnel québécois de division 3 lors de sa mise sur pied en 2012. Il a participé au tout premier match des étoiles de l’histoire de la ligue, plus tôt cet été, qui a opposé les étoiles de la PLSQ à celles de la League 1 d’Ontario.

 

De latéral droit à attaquant

Q : À chaque année, tu es parmi les meilleurs buteurs de la PLSQ, pas loin de Frederico Moojen et Pierre-Rudolph Mayard. Comment expliques-tu tes succès, et ta constance surtout ?

DK : Il s’agit de toujours aspirer à se surpasser. Mais ça dépend aussi de facteurs extérieurs, comme un entraîneur qui voit un potentiel en toi. Par exemple, dans mon cas, je jouais comme défenseur à mes débuts dans la ligue avec Brossard, en 2012. Je jouais comme latéral à droite parce que l’équipe avait déjà plusieurs bons attaquants. Mais plus tard durant la saison, l’entraîneur Mohamed Lakehal m’a placé à l’avant, donc j’ai eu ma chance et je me suis mis à marquer régulièrement… C’est alors que j’ai constaté qu’en raison de mes qualités, j’étais plus à l’aise à l’avant.

 

Q : Comment te décrirais-tu en tant qu’attaquant ?

DK : Je suis un finisseur, mais j’essaie aussi de faire un peu le jeu. De défendre un peu aussi, ce qui me permet de participer beaucoup plus à l’ensemble du jeu.

 

Q : Pourquoi es-tu revenu au CS Longueuil cette saison, après deux années avec Lakeshore ?

DK : Quand on a appris que Lakeshore ne revenait pas (dans la PLSQ), j’ai fait des démarches pour voir où j’allais poursuivre ma carrière et j’ai vu qu’on était intéressé à me ravoir à Longueuil. Comme on avait fait une belle saison en 2014, alors qu’on avait gagné le championnat et tout ça… Les dirigeants m’ont proposé de revenir pour essayer de retrouver ensemble le CSL de 2014. Ça m’a motivé.

 

Q : Pourquoi avoir quitté Longueuil à l’origine ?

DK : Il y a eu plusieurs départs après notre championnat de la saison 2014, notamment au sein de la direction. C’étaient des gens qui m’avaient fait venir au CSL, et voilà qu’ils s’en allaient. La dynamique n’allait plus être la même, donc j’ai senti que je n’y étais plus à ma place. Je suis revenu cette année parce que c’était le meilleur choix pour moi comparé aux autres équipes.

 

Dex et Cédric font la paire

Q : Comment qualifierais-tu la saison du CS Longueuil jusqu’ici ?

DK : C’est sûr qu’on vise les titres et tout ça, mais si on regarde les choses dans leur ensemble, le club a quand même fait mieux qu’au cours des deux dernières années. On a été dans la course pour finir premier et on s’est éloigné depuis, mais on a quand même fait mieux que l’année passée.

 

Q : Qu’est-ce qui a fait la différence, d’après toi ? L’arrivée de vétérans comme Cédric Carrié, Maxime Oliveri et toi, tout simplement ?

DK : Oui, je pense que c’est en partie grâce à l’arrivée de plusieurs bons joueurs, des joueurs de renom aussi, qui ont montré leurs qualités dans la ligue. Ç’a permis aux joueurs qui étaient déjà avec l’équipe, aux jeunes, de se renforcer et de faire mieux que l’année passée. Je pense qu’on peut être optimiste pour l’année prochaine. Vu que c’était la première fois qu’on jouait ensemble… Les affinités, ça se travaille. Parfois, l’adaptation se fait plus vite qu’on espère, mais parfois ça prend du temps – parfois plus d’un an – pour apprendre à connaître comment l’autre joue… et faire en sorte que ça mène à des résultats.

 

Q : Quand tu es allé jouer pour Lakeshore, tu y es allé en même temps que Cédric Carrié. Et cette année, tu es revenu au CSL en même temps que Cédric Carrié. C’est voulu comme ça ? Êtes-vous un ‘package deal’ ?

DK : Non ! (rires) Mais on s’entend bien en dehors du terrain, on se parle, on se conseille. On voit les choses de la même façon aussi. Puisque c’était fini à Lakeshore, on s’est dit qu’on allait continuer notre chemin ensemble. On aime bien jouer ensemble, donc on essaie de toujours rester dans la même équipe.

 

Q : L’entraîneur-chef du CSL Anthony Rimasson est notamment fier du fait qu’il préconise un jeu offensif, balle au sol. C’est sans doute une approche qui te plaît ?

DK : Je pense que Longueuil est peut-être le club qui joue le mieux au ballon dans la ligue, même si on a obtenu beaucoup résultats nuls et qu’on ne marque pas tellement de buts… Mais dans le jeu, c’est vraiment plaisant de jouer comme ça et de faire partie de cette équipe.

 

Un détour en Belgique

Q : Parle-nous de ton parcours de footballeur avant d’arriver en PLSQ…

DK : Je suis arrivé au Québec en 2006 avec mes parents, qui sont venus ici en tant que réfugiés (de la République) du Congo. C’est là-bas que j’ai commencé à jouer au foot parce que mon père avait une équipe, alors que dès l’âge de trois ou quatre ans, j’allais avec lui aux entraînements, j’assistais aux matchs, je jouais un peu avec les grands. J’ai ensuite joué au niveau senior dès l’âge de 16 ans et j’ai eu droit à deux sélections avec l’équipe nationale U-18 du Congo. À mon arrivée ici, j’ai joué avec Montréal-Concordia chez les U-18. À l’âge de 18 ans, j’ai eu une offre de Lokeren, un club de division 1 belge. J’ai joué un match. Le club était prêt à me prendre en charge mais n’étant pas encore citoyen canadien – je le suis devenu l’an passé –, il y a eu des complications. En attendant de régler ça, je me suis blessé et au bout du compte ça n’a pas fonctionné. J’ai ensuite joué pour Saint-Hubert en U-21.

 

Q : Comment trouves-tu le calibre qu’offre la PLSQ ?

DK : Tout footballeur veut jouer au plus haut niveau possible. Quand je suis revenu (de la Belgique), je cherchais déjà une bonne ligue où jouer, qui soit d’un assez bon niveau pour que ça me permette d’obtenir ma chance (à un niveau supérieur). Et avec la PLSQ, qui compte des joueurs comme Frederico Moojen et Pierre-Rudolph Mayard, c’est sûr que ça te pousse à performer, à essayer d’être meilleur. Et maintenant que le champion de la PLSQ se qualifie pour le championnat canadien, c’est une plus grande chance encore de se faire voir. J’aimerais vraiment gagner ma vie en jouant au soccer, même si plus j’avance en âge, plus ça devient dur.

 

Entrevue et propos recueillis par Marc Tougas

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ