La victoire d’Anthony Rimasson

 

Par Martin DesGroseilliers

 

Dans moins de trois semaines, Anthony Rimasson quittera le CS Longueuil et rentrera en France. Embrasser de nouveaux défis. D’ici là, celui qui ne cache pas son penchant pour la formation et le développement des jeunes espère voir des sourires et de la joie de bien jouer lors de ses deux derniers matchs à la barre de l’équipe première du club – comme dimanche dernier lorsque ses jeunes ouailles se sont imposés 1-2 sur le terrain de l’AS Blainville. « Et si cela peut en plus encore s’accompagner d’une ou deux victoires,  alors je serais comblé. »

Même si le CSL peine à amasser des points cette année, Rimasson avait prévenu que son équipe progressait lors du bilan du quart de la saison : « Nous devons surtout régler les détails qui font que l’on peut gagner ou perdre un match. Mais nous sommes en marche, notre progression est évidente, l’équipe n’aura plus le même visage au retour. » Le déclic, estime-t-il, est survenu lors du deuxième duel contre le CS Mont-Royal Outremont, malgré une défaite 0-3 (13 juillet). « Nous avons été bien au-dessus du dauphin de l’époque pour finalement prendre trois buts, mais avec un contenu très abouti. »

Ce contenu abouti rapportera finalement des dividendes deux semaines plus tard. Et la victime fut Blainville (11 matchs, 24 points), qui est au cœur d’une lutte à finir pour la première place avec le CSMRO (12 matchs, 28 points). Suivent ensuite, pas trop loin derrière, le Dynamo de Québec (12 matchs, 22 points) et le CS Monteuil (12 matchs, 21 points).

 

Le mental, encore (et toujours) le mental

« Ce qui nous a permis de remporter ce match est d’abord et avant tout un état d’esprit irréprochable. Puis, il y a aussi le fait que Blainville ne nous croyait peut-être pas capables de les bousculer de la sorte, ce qui a facilité notre entame de rencontre.  Notre jeu fut à la hauteur de notre travail depuis le début de la saison, nous savions que nous avancions et nous le confirmons par cette victoire non usurpée. »

Questionné sur les détails dont il parlait, l’ancien éducateur de la Fédération française de football (FFF), du Stade Rennais, du Stade Brestois et du Benfica Lisbonne les explique en trois points : « Accumuler de l’expérience sur les gestes défensifs simples ; relancer plus rapidement ; demeurer focalisés durant tout le match afin de rester cohérents dans les zones de vérité. »

 

Une philosophie instaurée et un bilan positif

Arrivé au CSL le 13 juillet 2015, Rimasson aura donc passé quatre ans au Québec. Quatre ans en tant que directeur technique du club et entraîneur de l’équipe première à marteler à gauche et à droite l’importance de développer les jeunes. Et il y est arrivé. Le club a épousé sa vision, sa philosophie, son projet. « C’est la chose dont je suis le plus fier. Le club est devenu une famille où le développement est compris de tous et la victoire reléguée au rang de cerise sur le gâteau, et non plus une fin en soi. »

Il dresse un bilan très positif de son passage au CSL. Il se rappelle être débarqué à une période plutôt houleuse, alors qu’aujourd’hui le club « a atteint une vitesse de croisière et vogue sur des eaux très calmes et agréables », pour reprendre sa métaphore. Le membership est à la hausse, particulièrement du côté féminin. La formation des entraîneurs est au cœur du programme. Tous les jeunes qui intègrent le club ont un projet à long terme, que ce soit à l’intérieur du club ou bien ailleurs.

Mais ces jeunes qu’on lance dans la PLSQ, il faut tout de même les encadrer, les entourer de quelques joueurs expérimentés qui serviront de modèles. C’est ainsi que Rimasson a attiré Frederico Moojen à l’aube de la saison 2018. Ce dernier ne regrette aucunement son choix et ne tarit pas d’éloges à son égard : « C’est un très bon entraîneur, il sait comment préparer un match et organiser une équipe, et il est très déterminé à développer les jeunes du club afin qu’ils atteignent la PLSQ, voire un niveau supérieur. Que l’équipe gagne ou perde, il garde toujours une attitude positive et traite tous les joueurs de la même manière. »

 

De bons souvenirs

Rimasson rapportera dans ses bagages plusieurs souvenirs, bons comme mauvais. Certains sont bien évidemment plus agréables et marquants que d’autres. Comme, justement, cette victoire contre le tenant du titre dimanche dernier – « le fruit de plusieurs mois de travail », se réjouit celui qui intégrera de nouveau la FFF à titre de directeur du pôle espoir féminin de Bretagne. Il n’oubliera jamais non plus son expérience aux Jeux de la Francophonie 2017 en compagnie de Valerio Gazzola et Andrew Olivieri.

 

« Je ne sais pas si je vais avoir laissé une marque au Québec, mais je suis heureux d’avoir tenté de participer à l’ouverture des esprits concernant l’importance du développement des jeunes. » Ce que Moojen a noté : « Le Québec perd un grand entraîneur. J’espère que d’autres comme lui vont émerger dans les prochaines années afin que les jeunes talents locaux continuent d’être développés. »

Elle est là la plus grande victoire du technicien français au Québec.

 

Les opinions des chroniqueurs ne reflètent pas nécessairement celles de la PLSQ et de la FSQ.